Inventaire des fourmis rousses

Les fourmis font partie du groupe taxonomique des Hyménoptères comme les abeilles et les guêpes. Ce sont des insectes sociaux qui constituent des colonies au sein desquelles des ouvrières s’activent autour d’une reine. Les fourmis représentent en France plus de 180 espèces : des noires, des rouges, des rousses… qui ont colonisé tous les milieux terrestres tant en plaine qu’en montagne, de nos jardins aux prairies et bien sûr dans les forêts.

Déterminer ces espèces est une affaire de spécialiste mais quelques-unes d’entre elles (au nombre de 5 dans les Vosges) sont regroupées sous le vocable « fourmis rousses des bois » et ont pour particularité d’édifier des dômes de débris végétaux (aiguilles de résineux, écaille de bourgeons, brindilles de bois…) bien visibles le long de nos chemins forestiers. Habitantes de nos forêts et des milieux voisins (prairie, talus de route…), elles ont un rôle fondamental dans la vie des écosystèmes forestiers. Ce sont des super-prédateurs opportunistes c’est-à-dire qu’elles s’attaquent à toutes espèces qui pénètrent dans leur périmètre d’activité. Ainsi dans le voisinage de leur dôme (50m autour), elles participent activement à la régulation des espèces d’insectes ou autres petites bêtes qui pourraient occasionnellement pulluler (chenilles défoliatrices entre autres).

Les espèces de fourmis rousses des Vosges

  • Formica rufa (Linné 1758) en lisière et en forêt claire de plaine et montagne
  • Formica polyctena (Foerster 1850) en forêt résineuse de plaine et moyenne montagne
  • Formica lugubris (Zetterstedt 1840) en forêt résineuse de moyenne et haute montagne
  • Formica pratensis (Retzius 1783) dans les prairies, chaumes et clairières
  • Formica truncorum (Fabricius 1804) inféodée à quelques tourbières des Hautes Vosges

Protéger les fourmis rousses des bois, ou au minimum les respecter sans déranger leur dôme et ses abords immédiats est donc une nécessité.

L’inventaire et la cartographie des dômes sur un territoire donné permet de faire un diagnostic des populations et d’évaluer leur évolution au cours du temps. Comme l’ont révélé de nombreux travaux scientifiques, la composition de la population de fourmis rousses dans un massif forestier et sa densité sont corrélées avec le degré de perturbation des forêts.

La taille des dômes est variable en fonction du sol sur lequel ils sont implantés, de leur âge, des ressources environnantes, des perturbations naturelles (par des grands animaux par exemple) ou anthropiques (arasement régulier du dôme par des promeneurs, passage d’engins à moteur à proximité…). Ainsi dans certaines forêts résineuses peu fréquentées, on peut découvrir des dômes de plus de 4 m de diamètre et plus de 1,8 m de haut, abritant plus d’1 millions de fourmis. Les fourmis rousses dans ces zones peuvent constituer des colonies comprenant des multiples dômes en relation constituant une société unique au sein de laquelle toute fourmis d’un dôme est reconnue par l’ensemble des individus des autres dômes par le jeu de signatures phéromonales très précises, spécifiques de la colonie.

Inventaire des dômes de fourmis rousses

Les scientifiques qui étudient les fourmis (myrmécologues) catégorisent les dômes entre 4 classes par leurs dimensions au-dessus du sol (partie visible du nid) :

TypeVolumeDimensions d’un dôme régulier dont le diamètre D est égal à la hauteur H
Petit<30 l ou dm3D et H <40 cm
MoyenDe 30 à 500 l (0,5 m3)D et H entre 40 cm et 1 m
GrosDe 0,5 à 2 m3D et H entre 1 m et 1,5 m
Très grosPlus de 2 m3D et H > 1,5 m

Les petits nids étant parfois peu durables dans le temps, on ne s’intéressera qu’aux dômes de taille moyenne qui ont des dimensions supérieures à 40 cm (diamètre et hauteur).

Lorsqu’on repère un dôme de fourmis rousses de type « moyen » à « très gros », on le localise précisément (sur un plan ou mieux en prenant les coordonnées géographiques à l’aide du GPS de son téléphone). On estime sa hauteur (h) au dessus du sol et son diamètre moyen à la base (si le dôme est de forme elliptique, on prend la moyenne de deux diamètres perpendiculaires (D+d)/2).

On peut également décrire succinctement l’environnement direct du dôme : talus de route, bord de chemin forestier, en forêt, en prairie, en lisière forêt-prairie… et noter l’espèce des arbres présents à proximité immédiate du dôme. Une ou deux photos peuvent compléter la description.

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